In the months that preceded Napoleon’s return to power in March 1815, a small number of newspapers evaded the relatively indulgent Bourbon censorship and indirectly prepared the terrain for the 100 Days by adopting a deliberately liberal stance. They attacked royalists by portraying them as partisans of a caricatural ancien régime which was systematically linked to the nobility who had returned from emigration and to the clergy.
The "Nain Jaune" was the wittiest of these newspapers and stands out because it published caricatures, some of which became, in due course, part and parcel of French cultural memory. The print ‘The Reception of a New Member of the Order of the Extinguishers’, which appeared 15 February 1815, refers to the creation of an invented ‘dark order of the Extinguishers’ whose extravagant statutes were published in the newspaper from 5 January onwards. These were modelled on those of real royalist secret societies such as the Order of the Faith founded by Ferdinand de Bertier during the Empire. This piece of satire in the 'Nain Jaune' is aimed directly at extreme royalists who criticised in the name of divine right the constitutional Charter of Louis XVIII and who attacked the principles of the Revolution, especially the notion of equality.
The print is based on the traditional opposition between shadow and light, representing respectively the ancien régime and the Revolution. So we see the symbol of the extinguisher, the order’s coat of arms bearing a bat, the orchestra of blind musicians in the background, and the ‘Chant des ténèbres’ (Song of Darkness) which refers to the Catholic liturgy of Holy Week before Easter. In the statutes we are told that since that the aim of the order is ‘the extinction of light: none may be admitted without being able to prove four generations of ignorance on both the paternal and maternal side’ (article 7). The 'Nain Jaune', which was founded by former Bonapartists converted to liberalism, is here anticipating the speeches of Revolutionary propaganda that Napoleon would deliver on his return from Elba and on the route to Paris.
In this game of mirrors, two different visions of France, that of the ancien régime and that of the Revolution, are once again pitted against each other, as they would be for the rest of the nineteenth century.
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Légende du nain jaune
Dans les mois qui ont précédé le retour de Napoléon au pouvoir en mars 1815, quelques journaux échappés à la censure relativement bienveillante des Bourbons ont indirectement préparé le terrain des Cent Jours en prenant une tournure délibérément libérale et en attaquant les partisans d’un ancien régime plus fantasmé que réel, systématiquement assimilé à la noblesse émigrée et au clergé. Le Nain jaune est le plus spirituel d’entre eux. Il a cette particularité de publier des caricatures dont certaines sont restées en France dans toutes les mémoires. La « Réception d’un chevalier de l’éteignoir » qui paraît le 15 février 1815 renvoie à la création fictive de « l’ordre sombre de l’éteignoir » dont les statuts rocambolesques ont été publiés par le journal dès le 5 janvier, sur le modèle des sociétés secrètes royalistes, comme celle des Chevaliers de la foi fondée par Ferdinand de Bertier sous l’Empire. Les royalistes exagérés qui critiquent la Charte constitutionnelle octroyée par Louis XVIII au nom du droit divin et attaquent les principes de la Révolution, à commencer par l’égalité, sont ici directement visés. Tout repose sur l’opposition classique de l’ombre et de la lumière qui figurent alternativement l’ancien régime et la révolution : le symbole de l’éteignoir, les armes de l’ordre ornées d’une chauve souris, l’orchestre des aveugles (au second plan), le « Chant des ténèbres » qui renvoie à la liturgie catholique de la Semaine sainte. « L’ordre, lit-on dans les statuts, ayant pour but l’extinction des lumières, nul ne pourra y être admis sans avoir fait preuve de quatre générations d’ignorance paternelle et maternelle » (article 7). Le Nain jaune fondé par d’anciens bonapartistes reconvertis au libéralisme anticipe les discours de propagande révolutionnaire que tiendra Napoléon à son retour de l’île d’Elbe sur la route de Paris. Dans ce jeux de miroirs et de représentations, deux Frances se retrouvent à nouveau face à face : celle de l’ancien régime et celle de la révolution. Ce sera toute l’histoire du XIXe siècle français.