The Objects

6th Jul 1815

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Source: National Records of Scotland
GD225/984/4
Leith-Hay papers

Martinique and Guadeloupe react differently to the 100 days

Contributed by: Gérard Lafleur

Today’s object is an article from the Official Gazette of Guadeloupe, dated 5th July 1815: a proclamation of the Governor of Martinique to the people of Guadeloupe

On learning of Napoleon’s return to power, Martinique had decided to stay faithful to the King, although many of the army there supported Napoleon’s return to power. The Governor, the comte de Vaugiraud, relying on the pro-British plantation owners, immediately allied himself with the British authorities. He dissolved a large part of the army, leaving the way open to the British, who took control of the island without a struggle.

In Guadeloupe, on the other hand, the population, which had been through so many revolutionary upheavals, was affected by a sentiment of opposition towards the British, who had occupied the island between 1810 and 1815. The governor de Linois declared support for Napoleon and vigorously held off British advances who wanted to take the island for Louis XVIII.

On 23rd March 1815, the King had promoted the Governor of Martinique to become Governor General with authority over Guadeloupe. In light of this promotion, he wrote the proclamation published here, announcing that he was dismissing all the civil and military authorities on the island who had sworn allegiance to Napoleon. He knew he could rely on the plantation owners returning from exile to support him.

It may seem strange that the Guadeloupe authorities chose to publish Vaugirard’s royalist proclamation but it had already been widely disseminated in royalist circles. The authorities of Guadeloupe chose to publish it in order to be able to respond to it with their own proclamation, in Napoleon’s name, which forced the inhabitants to declare themselves for or against the Emperor.

To read the full, original article in French, click on Further Information

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Le premier document est la publication par la Gazette Officielle de la Guadeloupe du 5 juillet 1815, d’une proclamation du gouverneur de la Martinique, M. de Vaugiraud suivie d’’une proclamation du gouverneur de la Guadeloupe, le comte de Linois.
A cette date, la situation des Antilles françaises est nettement marquée par rapport au retour de Napoléon Bonaparte.
La Martinique dirigée par le comte de Vaugiraud a choisi de rester fidèle au roi. Cependant, comme en Guadeloupe, l’armée est largement favorable à l’empereur et prête à le suivre dans la restauration de l’empire.
La Martinique qui avait été anglaise de 1794 à 1802 avait expérimenté le système colonial britannique qui avait maintenu et même renforcé le système d’exploitation basé sur l’économie de plantation et l’esclavage au profit de la bourgeoisie locale.
En Guadeloupe, au contraire, la tourmente révolutionnaire depuis l’abolition de l’esclavage en 1794, l’émigration des élites, l’organisation de la course contre les navires britanniques et américains, la sédition de l’armée coloniale et la reconquête de l’île par le corps expéditionnaire dirigé par Richepance, avaient créé une mentalité très différente.
Le rétablissement de l’esclavage en 1802, le retour des propriétaires émigrés, ruinés et contraints de cohabiter avec les « petits blancs » qui avaient acquis des moyens financiers importants, n’avaient pas « restauré » la société d’Ancien Régime. La population issue de ces bouleversements était parcourue par un sentiment d’indépendance et d’aversion envers les britanniques.
C’est cette population qui a dû subir, à son corps défendant, l’occupation anglaise de 1810 à 1815.

Ce passé récent donne les clefs de l’attitude différente adoptée par les deux îles lors de l’annonce du retour en France de Napoléon Bonaparte.
En Martinique, le gouverneur, s’appuyant sur les planteurs pro-britanniques, se rapprocha immédiatement des autorités anglaises présentes dans la zone afin de manœuvrer pour mettre l’île sous leur protection. Face à l’opposition qu’il connaissait dans l’armée, il en fit partir la plus grande partie, laissant la voie libre aux troupes britanniques qui prirent possession de l’île sans combat.
En Guadeloupe, le gouverneur de Linois, après de longues hésitations, poussé par son second, Boyer-Peyreleau, fermement bonapartiste et par la plus grande partie de la troupe, se déclara finalement pour Bonaparte. Il repoussa fermement les avances britanniques qui lui proposaient de réinvestir la colonie pour la conserver au roi de France.

Face à cette situation contrastée, par son ordonnance du 23 mars 1815, le roi nomma le gouverneur de la Martinique, gouverneur général avec autorité sur la Guadeloupe, titre que l’on retrouve dans la titulature annoncée ainsi que dans le 1er paragraphe.
En vertu de ces pouvoirs, il annonçait qu’il destituait toutes les autorités civiles et militaires qui avaient prêté serment à Napoléon et tentait de les priver de leurs ressources financières.
Nous avons également la confirmation de la désertion d’officiers et de militaires de la Martinique qui ont rejoint l’île sœur. Et ceux-ci sont particulièrement visés.
Il sait qu’il peut compter sur les planteurs de retour d’émigration et qui ne veulent surtout pas entrer dans une nouvelle phase d’incertitude.

On peut se demander la raison pour laquelle les autorités de la Guadeloupe ont favorisé la publication de cette proclamation qui leur est défavorable. C’est qu’elle s’était déjà répandue dans les milieux royalistes et c’était l’occasion de répondre en mettant en exergue le fait que M. de Vaugiraud s’appuyait sur les Anglais, attitude généralement honnie par la partie la plus entreprenante de la population guadeloupéenne.
D’ailleurs, le gouverneur de Linois (ou ses proches) a fait suivre cette publication de sa propre proclamation tendant à obliger les habitants à se déterminer pour ou contre l’empereur.

Ces proclamations furent rédigées le 29 juin 1815 alors que la bataille de Waterloo avait déjà eu lieu (18 juin 1815), mais dont la nouvelle n’était pas encore parvenue aux Antilles.


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