The Objects

23rd Apr 1815

Hector.jpg
Source: gallica.bnf.fr, with permission of the Bibliothèque nationale de France

Napoleon Attends 'Hector' at the Comédie Française

Contributed by: Clare Siviter

Napoleon attended the performance of Jean-Charles-Julien Luce de Lancival’s tragedy 'Hector' (1809) on the 21st April 1815, and the event was reviewed in the Feuilleton of the Journal de l’Empire on 23rd April 1815.

The article describes how the audience instinctively knew that Napoleon would be there that evening: whilst waiting, they sang military songs in a theatre full to the brim. In fact, the tragedy commenced without the Emperor, who eventually arrived in a very theatrical manner in Act I Scene 3, whereupon the actors restarted the play.

The article reproduced the lines particularly seized upon by the audience, extrapolating their meanings for the far greater audience of readers. The author of the review even makes Napoleon and Hector speak the same lines. He writes ‘le monarque […] dit aujourd’hui comme Hector...’ – the monarch says today, like Hector –
“Quel que soit à mes yeux l’attrait de la victoire,
Rendre heureux mon pays, est ma première gloire”
(‘Whatever the attraction of victory to my eyes,
Making my country happy is my ultimate glory’).

The critic thereby insinuates that these are Napoleon’s words, rather than those of the onstage Hector. The review ends with the final word of ‘avenir’ (‘the future’). The political ramifications are clear: the theatre, both in performance and in its associated material such as reviews, was a crucial site for Napoleon’s political power.

For a transcription of the review, click on further information.

Geolocation

THEATRE FRANÇAIS
Hector.

Hector dormoit oublié dans le répertoire. Le public, sur l’annonce assez subite de la reprise de cette tragédie, avoit pressenti que l’Empereur en honoreroit la représentation de sa présence ; on connoissoit la bienveillance de S. M. pour cet ouvrage ; on se rappeloit que cette bienveillance, qui ne fut jamais stérile pour les gens de lettres, s’étoit manifestée envers Luce de Lancival par des bienfaits dont une mort prématurée ne lui a pas permis de recueillir longtemps le fruit, mais qui, par une disposition spéciale, lui ont survécu du moins en partie, et subsistent encore aujourd’hui dans sa famille ce pressentiment explique le concours immense de curieux qui, plusieurs heures avant l’ouverture des bureaux, en assiégoient les issues : jamais même, dans sa nouveauté, Hector n’avait appelé une semblable affluence, ni excité un pareil empressement.

En un quart d’heure, toutes les places de la salle ont été remplies ; les musiciens ont été forcés de transporter leurs instrumens sur le théâtre ; l’intérieur des coulisses, déjà encombré de Grecs et de Troyens, a reçu néanmoins encore un renfort de spectateurs français : l’assemblée étoit au plus grand complet ; mais il y manquoit un homme !

Pour charmer son impatience, le public a demandé à la musique les airs qui ont conduit tant de fois nos soldats à la victoire. Ils ont été entendus, applaudis avec transport, et souvent même répétés en chorus. Au milieu de cette effervescence patriotique, quelques personnes ont cru reconnoître au balcon M. Gavaudan, acteur du théâtre Feydeau. A l’instant, on l’a invité à chanter quelques couplets analogues au sentiment qui dominoit dans l’assemblée M. Gavaudan s’est rendu de bonne grâce à l’invitation, et d’une voix forte et expressive, il a entonné une ronde assez animée, dont il avoit déjà, il y a quelques jours, égayé un repas donné par la garde nationale à la garde de l’Empereur. Au milieu de ce joyeux passetemps, l’heure s’écouloit ; S. M. n’étoit point encore arrivée : on levoit le rideau, et l’on commençoit à craindre que les espérances conçues ne fussent pas réalisées.

Cependant, à la troisième scène, l’Empereur a paru au milieu des acclamations et des applaudissemens unanimes de l’assemble. Les acteurs, sans attendre que le public exprimât son vœu, se sont retirés et ont recommencé la pièce.

Il est peu d’ouvrages qui, dans les conjonctures graves où nous nous trouvons, donnent lieu à des allusions plus naturelles et à des appli-[p.2]cation [sic] plus faciles : aussi toutes celles qui sont présentées ont-elles été saisies. Je me contenterai de citer les plus remarquables.

Andromaque détourne Hector d’aller combattre Achille:
HECTOR
Je ne suis point à moi, je suis a [sic] la patrie.
ANDROMAQUE
Mais ton Astyanax a des droits à la vie.
HECTOR
Il en aura peut-être à l’immortalité,
S’il imite son père.

Encore un passage qui a été vivement senti ; c’est, dans la belle scène des adieux, le moment où Hector exprime sa tendresse et ses vœux pour le jeune héritier de ses destinées :
Si l’ordre du destin nous sépare aujourd’hui,
Pour vous servir encor que je revive en lui !
S’il règne, qu’il soit juste, et, s’il le faut, sévère ;
Qu’il fasse tout le bien que j’aurois voulu faire!
Qu’il voue à la partie et son bras et son cœur ;
Qu’armé pour elle seule, il soit toujours vainqueur !
Luce qui, dans sa préface, reconnoît avoir tant d’obligations à Homère, dont le génie l’a quelquefois heureusement inspiré, ne pouvoit oublier ce trait sublime où le prince des poëtes nous représente son héros apparoissant comme un fantôme brillant à l’armée des Grecs, les ralliant par le son de sa voix terrible, par ce cri, qui, répété trois fois, porte l’épouvante et le désordre dans l’armée troyenne. L’application s’offroit d’elle-même :
Comme un colosse immense, à l’armée immobile,
Apparoît un guerrier.
PATROCLE
C’est lui.
ANDROMAQUE
C’est Achille ?
PARIS
C’étoit lui.
HECTOR
Poursuivez.
PARIS
Point d’armes dans sa main.

Ne semble-t-il pas que le poëte, par une espèce d’instinct prop[...]tique, ait tracé le tableau de l’événement prodigieux dont nous [...] nous d’être les témoins ? Hector, ravi de retrouver un adversaire digne de lui, s’écrie :
Il reparoît enfin !
Le public, en détournant le sens qu’ont ces trois mots dans la bouche du personnage, les a reportés, dans une acceptation de respect et d’enthousiasme, vers le monarque qui dit aujourd’hui comme Hector :
Quel que soit à mes yeux l’attrait de la victoire,
Rendre heureux mon pays, est ma première gloire :
vers le prince qui fonde sa puissance sur le règne des lois, et sur la base inébranlable de la liberté publique.

S. M. s’est retirée immédiatement après la tragédie : mais avant de sortir, toujours attentive à encourager les arts et les talens [il] a chargé son commissaire près le Théâtre Français de témoigner [sa] satisfaction aux acteurs chargés des principaux rôles. Pour Talma, Lafon, Damas, cet auguste suffrage est une justice rigoureuse ; [il] s’est étendu plus loin, j’ose penser qu’une généreuse indulgence [a] eu part, et que ce qui est une récompense méritée pour les premiers ne doit être pour les autres qu’un encouragement, et un motif [pe]sant de s’en rendre dignes à l’avenir.


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